Pour réduire les risques liés aux drogues, il faut changer la loi !

Communiqué de presse de l’AFR

L’avis négatif du Conseil d’État qui empêche l’ouverture de la salle de consommation à moindre risque pour usagers de drogues prévue à Paris nous apprend quelque chose d’essentiel : nous avons atteint les limites du paradoxe dans lequel nous sommes en France depuis plus de 20 ans. A savoir bricoler des solutions efficaces et pragmatiques pour réduire les risques liés aux usages de drogues dans un cadre légal et moral inchangé depuis 1970.

Le bricolage c’est fini, la loi doit changer !

Jouant toujours aux limites de la loi, la politique de réduction des risques liés aux usages de drogues a permis de stopper l’épidémie de sida parmi les consommateurs de drogues, le taux de transmission passant de 36% à moins de 2%, la mortalité par overdose a été divisée par 5. Par ce succès de santé publique – le plus grand des 30 dernières années – nous avons même réussi à obtenir une reconnaissance légale en 2004, insuffisante pour s’opposer à loi du 31 décembre 1970. L’efficacité de la RdR est reconnue scientifiquement dans le monde comme en France (Rapport INSERM 2010).

La tension entre notre approche citoyenne et sanitaire et une logique répressive aveugle et implacable qui a échoué, ne s’est jamais atténuée.

La “cohabitation assumée” avec la pénalisation n’est plus possible !

Au contraire de ce qui est écrit dans le plan gouvernemental 2013-2017 de lutte contre les conduites addictives, le modèle français fondé sur “l’accompagnement des consommations” ne peut pas “cohabiter de façon assumée avec la pénalisation des consommations”, cette cohabitation est par trop inégale par le poids et la logique du tout répressif (170 000 arrestations/an).

La tension devait inéluctablement conduire un jour ou l’autre à une déchirure. C’est fait depuis ce matin avec cet avis du Conseil d’État qui donne un coup d’arrêt à la salle de consommation alors qu’il en existe plus de 90 réparties aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suisse, en Espagne, en Australie, au Canada, en Norvège, au Luxembourg et au Danemark. Pire, il porte en germe une remise en cause totale des quelques acquis gagnés depuis 20 ans.

Pour ceux qui en doutaient encore, nous avons bien la preuve que l’on ne peut plus réduire les risques liés aux usages de drogues sans changer la loi.

Les acteurs de la réduction des risques liés aux usages de drogues prendront leurs responsabilités. Nous n’avons jamais attendu la loi pour avancer.

La Réduction des risques est morte, vive la réduction des risques !

Date première publication :
10/10/2013

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