Comment s’est créée l’Association ?
En 1992, une semaine de manifestations et de débats sur la question des drogues est organisée à Montpellier par Philippe DOUGUET, journaliste, ancien vice-Président de AIDES Languedoc et militant pour la réduction des risques (Limitez la Casse). Instaurer un véritable débat public, alerter de la catastrophe sanitaire que représente le Sida chez les personnes toxicomanes et donner la parole aux usagers de drogues sont les objectifs de ce colloque. Son succès et les réactions qu’il suscite conduisent à l’élaboration d’un projet médico-social et à la création de l’association chargée de sa mise en œuvre : Réduire les Risques, statuts déposés en Préfecture le 27/09/1993.
Le cofondateurs de l’association sont : Corinne CHANAL, Sage-femme, Myriam COULOU, sociologue et Agnès PERONNET, géographe de santé.
De 1994 à 1995, l’association se consacre à la formation, la communication de la RDR et de recherche-action :
Organisation du colloque » Drogues : réduire les risques, à l’attention des professionnels de la santé et du social de Montpellier, avec :
- Anne COPPEL : » La réduction des risques – Traitement à la Méthadone
- Jean CARPENTIER : » Toxicomanie à l’héroïne en médecine générale et “Travail de Réseau”
- Elliot IMBERT : » Le pharmacien dans la réduction des risques : le kit Stéribox
- Marcel DANAN, Président départemental de l’ordre des médecins
- Robert BRES, Conseiller municipal délégué à la toxicomanie et au Sida.
Ce colloque et son suivi ont fait entrer la réduction des risques à Montpellier et contribué directement à la mise en place des kits Stéribox en pharmacies ainsi qu’à la création du Réseau Toxicomanie local.
Organisation du concert » Limitons la Casse à l’occasion de la Journée Mondiale de Lutte contre le Sida à Montpellier.
Action de prévention en partenariat avec Médecins du Monde dans son Bus d’échange de seringues. Aides et Asud participent également à cette action qui est le premier programme d’envergure mené à Montpellier. Réduire Les Risques y assurera des permanences de nuit régulières et bénévoles pendant deux ans.
Poursuivant sa dynamique de Recherche-action, Réduire Les Risquesanime des groupes de travail dans les locaux de Peuple et Culture à Montpellier, réunissant des médecins, des travailleurs sociaux et des usagers de drogues. Cinq projets ciblés, d’information, de formation et de prévention, seront élaborés et déposés à la DDASS de l’Hérault.
Formation de médecins : » Traitements de substitution et travail en réseau, avec les Drs Bertrand LEBEAU et Patrick DE LA SELLE (25 février 1995). Ce séminaire, qui a accueilli 12 participants de l’Hérault et du Gard, était le premier sur ce thème dans la région. Il a été réalisé sur fonds propres, dans les locaux de Peuple et Culture.
Grossesse et toxicomanie : soirée thématique (avec le Réseau ville hôpital) et réalisation d’un dossier pédagogique à l’attention des professionnels de la santé.
Formation de médecins : deux séminaires de deux jours sont organisés en nos locaux en partenariat avec IFSAS pour des groupes de 15 et 20 participants (Forum).
- » Traitements de substitution et travail en réseau (12 et 13 janvier 1996)
- » Parentalité et usage de drogues (9 et 10 février 1996)
Etudes et recherche : grâce à Corinne CHANAL, Présidente de RLR et sage-femme au CHU, le travail de terrain auprès de femmes enceintes toxicomanes a été suivi d’études en collaboration avec une équipe de la Maternité.
- » Etude comparative du syndrome de sevrage du nouveau-né de mère héroïnomane en fonction du traitement de substitution pendant la grossesse.
- » Parentalité et usage de drogues : étude pour une prise en charge médico-psycho-sociale des femmes enceintes toxicomanes et de leurs enfants.
Ce travail novateur a débouché sur la création d’un service spécialisé à la Maternité.
Après ce travail de recherche, de formations et de communication,
Mise en place de la structure : une première subvention d’Ensemble Contre le Sida permet à l’association de louer des locaux administratifs et de préparer l’ouverture d’un lieu d’accueil au cœur de » Figuerolles, rue Pierre Fermaud. Notre propriétaire et voisin sera notre ambassadeur dans le quartier qui acceptera totalement cette implantation. C’est au final le fruit d’un long travail de sensibilisation, tant auprès des riverains que des toxicomanes accueillis. Nous avons, par exemple, organisé le ramassage régulier des seringues abandonnées sur la voie publique dans le quartier.
Ouverture de LA BOUTIK début février 1996, dans le quartier » Figuerolles (Montpellier), avec une équipe paritaire (incluant des usagers de drogues ou ex-usagers) à raison de vingt heures par semaine. L’accueil, l’écoute, l’orientation et l’échange de seringues sont ses principales missions. Une camionnette offerte par » EDF permet d’effectuer les déménagements des usagers.
Services mis en place :
- Accueil et Ecoute des usages de drogues
- Information et Prévention / Orientation médicale et sociale
- Echange de seringues et offre de préservatifs
- Accompagnement social (démarches)
- Aide directe (chèques services, factures pharmacie, timbres fiscaux…)
- Aide au déménagement (camionnette offerte par EDF)
Réduire Les Risques ouvrira une seconde boutique, La Trev’, en septembre 1997 à Vauvert (Gard), Ce service a fonctionné jusqu’en février 1998 où il a été fermé pour être transféré dans des locaux plus adaptés à sa mission.
La croissance de la file active, exponentielle depuis la relocalisation en 1998, se poursuit en 1999 mais avec davantage de jeunes poly-toxicomanes en errance. Nous notons également une baisse de la fréquentation féminine, ce qui nous amènera à réserver le mercredi après-midi aux femmes, c’est-à-dire à proposer un accueil dans un contexte sans violence.
L’année 2000 se caractérise par la création d’une action nouvelle : l’accueil des femmes et des familles bénéficiant d’un conventionnement Ddass du 27 avril 2000.
Nous avons repéré trois profils principaux de femmes :
- jeune femme venant en couple et sollicitant les aides à la vie quotidienne, le suivi social et du matériel d’injection
- mère avec enfants à charge ou placé et sollicitant les aides à la vie quotidienne et le suivi social
- très jeune femme en errance sollicitant les aides à la vie quotidienne et du matériel d’injection
» La Boutik se consacre à l’Accueil des femmes et des familles. Cet accueil est réservé aux femmes usagères de drogues, personnes en substitution ou ex-toxicomanes. Elles peuvent être reçues 5 jours par semaine avec leur(s) enfant(s) (un espace est prévu à cet effet) ou en couple (le matin).
Cette expérimentation, unique en France, est conventionnée par la Ddass de l’Hérault depuis avril 2000.
Conjointement, une action relais auprès des femmes toxicomanes détenues à la Maison d’arrêt de Nîmes (Gard) a débuté en avril 2002.
Le CAARUD
En 2005, dans la perspective de devenir un CAARUD, des négociations ont eu lieu avec l’association “Pasreles”, (association créée en octobre 1996 par trois anciens salariés d’ASUD Montpellier) équipe mobile et Programme d’Echange de Seringues (PES), pour un rapprochement. Ces deux associations ont fusionné au 1ier janvier 2006. Cette fusion c’est effectué à la demande de la DDASS. Fin 2006, le 30 novembre exactement, l’association Réduire Les Risques obtenait l’autorisation à la création d’un CAARUD pour trois années.
L’accueil collectif est toujours dédié aux femmes avec ou sans enfant. L’équipe mobile, elle, travaille à Montpellier (place de la Comédie et squats) et à Sète (place Aristide Briand) et accueille tout type d’usagers de drogues par voie intraveineuse.
2009 a été la réalisation du projet d’agrandissement des locaux, par l’achat d’un local adjacent au lieu d’accueil et du renouvellement de l’autorisation pour une durée de dix ans.
Quels sont vos projets actuels ?
Ils restent dans la même direction, accueillir et accompagner les personnes confrontées à l’usage de drogues vers l’insertion et le soin. Nous restons conforme à l’article 2 de nos statuts :
L’association a pour but de promouvoir la réduction des risques et des dommages sanitaires et sociaux liés à l’usage des drogues, en soutenant et en organisant des actions d’information, de formation, de prévention, de recherche, de soins et d’insertion. Elle a également pour mission de :
- promouvoir une politique publique des drogues, soucieuse des Droits de L’homme, de la Santé publique et de la Sécurité publique,
- promouvoir la citoyenneté des usagers de drogues et lutter contre l’exclusion dont ils sont victimes au sein de la collectivité,
- être le lien entre les exclus et les institutions.
Pour 2010, nous verrons enfin arriver le dépistage VHC, VHB, VIH et la vaccination VHB au sein du lieu d’accueil, convention avec le centre de dépistage anonyme et gratuit ainsi qu’un dépistage rapide du VHC avec le Dr Fadhi Méroued.
Nous mettons en place un atelier d’éducation à l’injection à moindre risque.
Mise en place d’une vacation de Psychologue Clinicienne auprès du public féminin, à raison de 6 heures par semaine.
La création du site internet de » Réduire Les Risques.
Comment voyez-vous l’avenir ?
Par notre légitimité d’intervention nous y avons vu un espoir pour l’accompagnement social et sanitaire des usagers de drogues, à ce jour il n’y a pas eu de grands changements, le consommateur de substances psycho actives est toujours dénigré et les femmes sont les exclues de ces exclus, surtout les mamans vues comme de » mauvaises mères.
Nous restons optimistes, la société évolue bien qu’il lui faille toujours des » boucs émissaires.
L’étendue de la contamination du VHC reste très préoccupante (pas de nouvelles contaminations VIH en 2009). L’autorisation d’une salle de consommation nous apparaît indispensable.
Nous devons continuer notre travail en interne et avec nos partenaires. Ne pas se relâcher. La reconnaissance législative de la réduction des risques fût longue à être acceptée, maintenant ce concept est le socle pour de nouvelles expérimentations.