Voici à présent cinq ans que les premiers agréments C.A.A.R.U.D ont été accordés aux structures qui avaient déposé au préalable des dossiers au C.R.O.S.M.S. Agrément provisoire dans un premier temps, puis agrément pour quinze années. Voici donc la Réduction Des Risques qui est entrée dans le secteur medico social avec ses avantages, notamment en termes de stabilité financière, mais aussi avec ses contraintes et parfois ses inconvénients…
Depuis ces accords, chacune des structures a pu avancer pour s’installer plus ou moins bien dans le paysage de la R.D.R. Cet avancement s’est fait au gré des D.D.A.S.S, devenues A.R.S, et l’on peut aisément dire que nous n’avons pas été, les uns et les autres, logés à la même enseigne.
Par Serge Longère
Nous avons pu voir et constater ça et là des exigences des tutelles, voire même des injonctions pouvant aller jusqu’aux menaces de fermeture des structures, à l’inverse de zones de confiance poussant au développement. Certains se sont retrouvés face à des tutelles technocrates, d’autres militantes ou curieuses de ce mouvement et acceptant d’être informées. Bref, plusieurs scénarios possibles…
Aujourd’hui, l’heure de l’évaluation interne sonne aux portes des C.A.A.R.U.D comme elle sonnera bientôt aux portes des C.S.A.P.A. Un moment redouté par beaucoup, mais cependant incontournable. L’heure d’un bilan qui doit revisiter les projets d’établissement… Ensuite ce sera l’évaluation externe, dont on ne peut imaginer encore quels en seront les objectifs, les tenants et les aboutissants.
Mais il faut aussi aujourd’hui, nous interroger sur les rapprochements et les fusions sur lesquels chacun a certainement réfléchi.
Qu’allons-nous devenir dans ce champ du medico social auquel nous appartenons désormais ???
L’ensemble des structures du sanitaire, du social et du medico social ont été ou sont confrontés à cette réflexion. Les tutelles nous invitent d’ores et déjà à nous préparer à des rapprochements….
Qui d’entre nous n’a pas encore été approché par un opérateur à dimension nationale ?
Certains d’entre nous ont déjà accepté des rapprochements avec d’autres, plus ou moins contraints, ne serait-ce que pour être soulagés d’un certain nombre d’aspects administratifs, dans la crainte de ne pouvoir suivre la cadence et dans l’espoir de se maintenir dans le paysage. Rien n’en est moins sûr cependant…
Nous devons, en tant qu’acteurs de la Réduction Des Risques, être dans cette capacité à anticiper et imaginer notre devenir, avant que ce dernier nous soit imposé.
L’A.F.R ouvre le débat et la discussion sur ce sujet à ses adhérents mais aussi à l’ensemble des C.AA.R.U.D voire des C.S.A.P.A qui souhaitent que l’identité de leur structure soit sauvegardée et que le concept de R.D.R ne soit pas, à moyen terme, noyé dans on ne sait quoi….
Depuis le passage en C.A.A.R.U.D nous avons su résister et faire valoir notre travail et notre singularité, il nous faut poursuivre ce chemin si demain nous ne voulons pas disparaître du paysage.
Les équipes de nos structures se sont peu à peu modifiées, et nous connaissons le besoin en formation de ces nouveaux acteurs, certes motivés, mais dépourvus d’une approche spécifique propre à nos modalités d’intervention, liée, entre autre à notre histoire militante.…
Les formations que l’A.F.R propose, ont pour objectif de répondre à un certain nombre de méconnaissance sur les produits, les pratiques de consommation, les bases d’un savoir-faire et savoir-être en R.D.R auprès des acteurs du medico social.
Tout ceci nous montre si besoin était, l’impérieuse nécessité d’une transmission d’un savoir particulier vers les acteurs d’aujourd’hui pour que persiste demain cette approche à laquelle nous tenons tant……
Nous ne voulons pas que les C.A.A.R.U.D disparaissent et/ou qu’ils soient absorbés ou confondus dans du sanitaire ou du social … Et cela même si la R.D.R a à voir avec le sanitaire et/ou le social, comme elle a à voir avec l’addictologie.
Cependant, pour conserver son identité propre elle doit pouvoir se démarquer et faire valoir sa singularité…
Voilà pourquoi nous devons créer une autre alternative, afin que celles et ceux qui veulent avant tout que soit sauvegardé une façon de travailler, y trouvent une réponse qui donne du sens et non une réponse de raison ou par défaut qui satisfasse des soucis administratifs et financiers…
Cette autre alternative aux opérateurs nationaux que nous connaissons tous, c’est ensemble que nous allons pouvoir la réaliser et c’est ensemble que nous allons en définir les contours. D’ores et déjà les administrateurs de l’A.F.R ouvrent la discussion le plus largement possible et assurent d’un soutien politique et déterminé.
Solidairement vôtre
Serge LONGERE
Président de l’A.F.R