Ainsi donc il existe encore, parmi les satellites de la MILDT, une instance de chercheurs qui continuent à démontrer que la terre n’est pas plate et qu’en plus elle tourne, que le tout répressif ne donne aucun résultat en matière de drogues, que bien au contraire il renforce la vulnérabilité des usagers.
Cela nous le savons depuis longtemps et toute une génération d’usagers de drogues l’a appris à ses dépends, décimée dans les années 90 par le Sida. Parions même que Monsieur Apaire doit s’en douter un peu, mais là n’est pas son problème. Sa mission est de coller à l’ambiance politique du moment, celle du retour de l’ordre, du chef, du père. Il ne sera pas dit que l’Etat est laxiste. L’interdit d’un côté, l’abstinence de l’autre sont les deux seules mamelles auxquelles la MILDT veut s’abreuver. Dans ce cadre la mission d’une instance comme l’OFDT n’est pas d’Observer, mais d’Officialiser cette politique du tout interdit. Que des chercheurs cherchent alors qu’on leur demande de trouver semble intolérable à la vue de Monsieur Apaire. Il n’était plus que temps pour lui de débarquer son directeur, en la personne de Jean Michel Costes. Maintenant c’est fait, d’une façon très subtile, c’est comme cela que l’on nomme parfois le manque de courage, en ne renouvelant pas le contrat de Jean Michel Costes sur l’air de » 15 ans c’est déjà beaucoup».
Les grands laboratoires ont un grand savoir-faire en matière de recherches pour prouver les effets qu’ils souhaitent trouver à leurs médicaments. Souhaitons de notre côté que ce savoir-faire n’a pas été le critère de recrutement de la nouvelle directrice, nous ne ferons pas de procès d’intention, mais serons vigilants quant à l’orientation que prendra l’OFDT.
15 Ans de l’OFDT, avec Jean Michel Costes, nous ont paru bien courts, si l’on compare avec les 4 ans sans MILDT digne de ce nom.
L’AFR regrette le départ de Jean Michel Costes à la tête de l’OFDT et sommes de tout cœur avec son équipe, qui depuis 15 ans nous ont fourni un travail précieux de grande qualité.
Nous nous associons à l’ensemble des voix qui s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer cette éviction qui fait craindre une reprise en main de cet Observatoire.
L’AFR.
Communiqué de presse de la FFA du 7 avril 2011
La Fédération française d’addictologie souhaite d’abord exprimer sa gratitude à Jean-Michel Costes qui, par sa compétence et sa rigueur scientifique, a su, durant les quinze années passées à la tête de l’OFDT, rendre à l’épidémiologie sa crédibilité et toute son utilité pour adapter les politiques et les actions aux évolutions des réalités. Grâce au travail de l’OFDT, la France dispose aujourd’hui sur les questions d’addiction de dispositifs d’observation très utiles et de données fiables régulièrement mises à jour.
Cette décision vise à mettre au pas toute expression publique indépendante et scientifique dans le domaine des drogues et des addictions. L’OFDT a eu le mérite d’apporter un éclairage scientifique sur les résultats de la politique essentiellement répressive de la MILDT et de réunir les données internationales montrant l’intérêt des salles de consommation à moindre risque ; là réside peut-être pour la MILDT la » faute impardonnable que paye aujourd’hui son directeur.
Communiqué de presse de Act Up Paris du 7 avril 2011
Hier, Jean-Michel Coste, le directeur de l’OFDT, a été évincé de son poste par Etienne Apaire, le président de la Mildt. Cette éviction est dans la lignée de la destruction systématique de toute volonté de politique basée sur des évidences scientifiques, pour imposer une répression sans pitié et inefficace aux usagers de drogues.
Cette répression se traduit en France par la remontée des overdoses depuis 2003, une épidémie d’hépatite C hors de contrôle ou encore l’incarcération de plus de 3000 usagers de drogues en 2009 pour usage simple.
Communiqué du Collège Scientifique de l’OFDT
Monsieur le Premier ministre,
Les signataires de cette lettre sont des scientifiques qui ont consacré une Grande partie de leur carrière à exercer leurs compétences, comme chercheur/e/s ou praticien/ne/s, dans le champ des drogues, légales ou illicites. Notre but en tant que scientifiques est d’observer et de comprendre les effets nocifs de ces substances et les comportements qui leur sont associés, de façon générale et dans la population française en particulier. L’objectif ultime de ces recherches, au-delà de leur publication dans des revues scientifiques, est de contribuer à promouvoir la santé des populations par une lutte adaptée et pertinente contre les addictions.