Ce rapport d’information est parti de 3 postulats de base :
- » Touche pas à ma loi. Tout autant par reflexe corporatiste qui veut que si j’admets que le législateur de 1970 ait pu se tromper, je pourrais moi-même être faillible aujourd’hui, que de peur d’être accusé de démission et défaitisme.
- » Il faut sauver le soldat Alcool. Il faut absolument rétablir la frontière entre les produits licites et illicites.
- Il n’y a pas de drogues douces et de drogues dures, il faut diaboliser le cannabis, dont on sait que l’augmentation de la consommation chez les jeunes est le résultat de la banalisation du discours par certains politiques.
C’est à travers le prisme de ces 3 postulats de base que le casting des auditions a été mis en place et dont on voit bien le parti pris, laissant une très large place, d’abord aux services chargés d’appliquer la loi, puis à des » experts, plus à l’aise dans l’anecdote que dans l’analyse de données objectives, et enfin à certaines associations, dont la lutte » anti drogue frise souvent avec la guerre de croisade morale. Il est d’ailleurs étrange de constater que beaucoup de ces associations sont connectées les unes aux autres : Parents contre la drogue et le Phare font partie de la Fédération nationale des associations de prévention des toxicomanies et que des » experts comme le Professeur Costentin, se trouvent être les cautions scientifiques de ces groupuscule d’associations.
Il est tout autant étonnant de constater la très faible représentation des personnes ou des associations en contact direct avec l’usage et les usagers de drogues. Quant aux personnes concernées elle-même seules brièvement ASUD et SOS Hépatites ont pu s’exprimer et encore, dans des débats contradictoires où leur parole était dévaluée par la présence de des associations anti drogues. En 3 mois d’audition, la parole des personnes concernées aurait dû mériter une audition à part entière, au même titre que d’autres experts, plutôt qu’un simple témoignage.
Pour préserver ses 3 postulats de base, la commission n’a eu d’autres choix que de s’appuyer sur des témoignages non seulement anecdotiques et peu scrupuleux des connaissances actuelles, mais aussi, malheureusement pour cette commission, à la limite d’un bêtisier, dont voici quelques exemples sortis non des auditions en tant que telles, mais sélectionnées par la Commission pour » illustrer le rapport lui-même. (Voir en annexe Analyse du rapport et de ses prérogatives au regard des experts cités et mentionnés)
Monsieur Gilbert, Pépin, biologiste, expert près de la Cour d’appel de Paris, agréé par la Cour de cassation, expert près du Tribunal administratif de Paris.
Monsieur Pépin n’a pas été bref dans son audition, et c’est tant mieux, car Monsieur Pépin est un poète, tendance Prévert, voire pervers…
Se basant sur son » expertise en criminalité, il a rempli, au-delà des espérances de la commission, sa mission de diabolisation du cannabis, cette drogue » horrible et dont il se souvient que le mot » assassin vient de haschashin, fumeur de hash.
Cannabis et meurtres
M. Gilbert Pépin a rapporté, avoir découvert » avec stupeur », lors des centaines de procès d’assises auxquels il a assisté, » que même lorsqu’elle n’est pas la cause de la mort, la drogue est à l’origine d’un grand nombre de cas de criminalité. Les meurtriers, mais aussi les victimes, sous l’emprise de la drogue, ne savent pas ce qu’ils font. L’agent le plus horrible est le cannabis. Détendus, les sujets n’ont plus conscience du danger. Un porteur de canif va agresser en riant un porteur de revolver qui va le tuer en riant tout autant »
Si la peine de mort existait encore dans notre code pénal, nous ne saurions qu’inciter les condamnés à tirer un dernier joint afin de monter à l’échafaud en riant sous le regard hilare du bourreau..
Qui en 20 ou 30 ans de cours d’assises a entendu pareil bêtise, et comment des parlementaires ont pu croire à cela et jusqu’à le justifier dans leur rapport ??
Cannabis et viols
L’expert Pépin n’est pas avare d’anecdotes loin s’en faut et il en a pour tous les gouts, toutes les situations :
La soumission chimique, a expliqué M. Gilbert Pépin, biologiste, est utilisée à des fins de viol, d’agression pédophile et de vols. Viennent ensuite les extorsions de fonds – et les captations d’héritages –, les homicides et les actions pour la garde d’enfant. En effet, a-t-il précisé, dans certaines séparations difficiles, il arrive que de la drogue soit donnée à son insu à l’un des parents, dont il sera dit ensuite qu’il en est consommateur, ce qui sera confirmé par l’analyse toxicologique…
M. Gilbert Pépin a rapporté avoir constaté » des viols sous association de cannabis et d’alcool, de cannabis seul – mais où les “joints” étaient élaborés à partir d’huile de cannabis, dont le principe actif est très fort – et encore d’amphétamines, plus précisément d’ecstasy »
Monsieur Pépin aurait pu nous relater sa surprise en découvrant le nombre de fois ou un homme avait abusé sexuellement en riant, une femme non consentante qui subissait en riant les assauts de son violeur, sous l’effet du haschich.
Quant aux grandes catastrophes de types pollutions ou nucléaires, l’ombre du cannabis plane dessus. Il ne dit rien des catastrophes naturelles de type tsunami, mais……..
Cannabis et Conduite automobile
Les conséquences de l’usage de drogues sur la conduite automobile constituent un autre risque social majeur. Les effets hallucinogènes qu’engendre le cannabis, notamment, » sont évidemment peu compatibles avec la conduite », a expliqué M. Gilbert Pépin, biologiste : » ils provoquent une diminution de la vigilance et altèrent la perception de la vitesse et des distances. Un délai s’installe entre la perception et la réaction. La vision devient floue, en association avec une mydriase. Alors que l’alcool s’élimine vite, l’action du cannabis sur la conduite, une fois qu’il est présent dans le cerveau, peut durer très longtemps »
Une étude sur les molécules impliquées dans les accidents mortels de la circulation citée par Gilbert Pépin, qui porte sur trois années et 482 cas, fait état de 31 % de cas positifs aux drogues, dont 27,8 % au cannabis, le taux montant à 42 % chez les conducteurs de moins de vingt-sept ans.
La part des opiacés n’est que de 4,8 %, avec cette réserve que, dans la plupart des cas, il s’agit de morphine, administrée à des agonisants.
La part de la cocaïne est quant à elle de 4,7 %. Les amphétamines sont quasiment absentes. […] La cocaïne rend également la conduite dangereuse : l’usager devient excité et se croit doué de qualités qu’il n’a pas. Cependant, le nombre d’accidents mortels impliquant des conducteurs sous l’emprise de la cocaïne est faible : pour les utilisateurs chroniques, qui deviennent irritables parce que se croyant persécutés, la conduite est si difficile qu’ils préfèrent ne pas prendre le volant.
Alors que l’amphétamine est un stimulant, elle n’est pas détectée dans les accidents mortels, mais ceci pour des raisons purement techniques, a nuancé M. Gilbert Pépin. Les jeunes qui l’utilisent dans les » rave parties », outrepassant leurs capacités naturelles, épuisent leur organisme : si, à l’issue de la soirée, ils parviennent néanmoins à conduire et se tuent au volant, les amphétamines ont déjà disparu de l’organisme.
Quant aux opiacés, ils provoquent une si forte somnolence que, dans la plupart des cas, le sujet est incapable de conduire. Surtout pour les agonisants, serait-on tenté de dire !!!
Cannabis et échec scolaire
Pour asseoir SES vérités, rien ne vaut des chiffres, plus ils sont gros, plus c’est gros.
» La déscolarisation est, dans 95 % des cas, due à la consommation de cannabis, qui conduit rapidement à un besoin, lequel va entraîner un début de délinquance car il faut de l’argent pour se procurer le produit » a indiqué le professeur Jean Costentin. » De ce fait », a-t-il ajouté, » le jeune consommateur déscolarisé se trouve progressivement désocialisé. Le problème n’est pas moral mais social »
Ainsi donc, la cause première de l’échec scolaire est enfin trouvée et le futur des jeunes déscolarisés tout tracé dans son parcours de délinquant…
Mieux encore :
M. Thierry Vidor, directeur général de l’association Familles de France, a livré un portrait particulièrement inquiétant de la circulation du cannabis dans les établissements scolaires accueillant des adolescents : » dans les lycées et les lycées professionnels, 90 % des jeunes ont du “shit” sur eux. S’ils n’en ont pas, ils sont déconsidérés. La famille ne peut même plus agir. Il y a là un problème de société. C’est aussi vrai dans les populations défavorisées que dans les populations favorisées. Dans les lycées où les parents sont vigilants, 50 à 60 % de jeunes ont une barrette de “shit” dans leur poche ! »
Oui c’est le moins qu’on puisse dire, le portrait des jeunes lycéens est particulièrement inquiétant, et le conseil que nous pourrions donner aux élus, serait de bien réfléchir à deux fois avant de répéter de tels propos dans un débat public, et de prendre le risque de se ridiculiser sur de telles statistiques.. Bon heureusement, grâce au travail de Familles de France, le taux de possession de barrette de shit tombe de 90 à 50 ou 60%. Mais quand même…
De la théorie de l’escalade à la théorie de la porte ouverte…
La » théorie de l’escalade » avance ainsi que la consommation d’un produit psychotrope à moindre risque entraînerait l’usage de produits de plus en plus nocifs selon le schéma : alcool > tabac > cannabis > cocaïne > héroïne. C’est le tabac qui constituerait donc la première étape, celle » mettant le pied à l’étrier » et menant à l’addiction du fait du mélange tabac/cannabis fumé par la grande majorité des usagers de haschich.
Oups, pour de l’escalade, c’est de l’escalade, et ce à tel point qu’on démarre tout de suite par la deuxième marche, en » oubliant l’alcool, ce produit si injustement malmené par le rapport Roques car constitutif de notre » culture, ce que n’est pas le cannabis, agent étranger, autant dire 5ème colonne chargée de saper nos fondements.
Le professeur Jean Costentin, membre de la commission sur les addictions de l’Académie nationale de médecine a, de son côté, rappelé qu’on avait » longtemps contesté l’escalade dans l’usage de drogues alors qu’elle est évidente […] dans l’échelle qui mène de la consommation de méthylxanthines – présentes dans le café – à l’héroïne, en passant par le tabac, l’alcool et le cannabis »
Faire démarrer la théorie de l’Escalade aux méthylxanthines nous semble bien timide et quitte à asséner des vérités non vérifiés par la réalité du terrain, commençons directement par le Colostrum, ce qui permettra de commencer le dépistage et la prévention dès la pouponnière.
Par humour, nous pourrions proposer d’intervenir sur la prévention de la toxicomanie dès la Maternelle, mais on ne peut pas puisque le rapport le propose en page 65.
D’ailleurs Richard Maillet, président de la fédération nationale des associations de prévention de la toxicomanie met l’accent sur le rajeunissement progressif des jeunes usagers : » En 1996, les chefs d’établissement nous demandaient d’intervenir en seconde et en troisième ; en 1999, en quatrième et en cinquième, et en 2002, en CM2 ! Non seulement la consommation a explosé mais l’âge des premières consommations s’est abaissé à neuf ou dix ans ».
Curieux en 2011 de se référer en terme de date à la période de 1996 – 2002. Est-ce à dire que nous n’avons plus de référence à partir de 2002, soit 9 ans ? A moins que cela soit pour souligner le » laxisme politique de ces années là ?
Ce rapport recèle bien d’autres perles ou affirmations partisanes et fantaisistes, mais toujours sous couvert d’une expertise émise par un spécialiste au titre irréprochable » de Président d’Académie de …ou expert auprès de …
En voici quelque unes au hasard :
Les actes réalisés par les centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues sont d’abord l’écoute, qui revêt des formes très variées – accueil dans la structure fixe, visite, échange dans la rue ou autour d’un stand de promotion des risques en milieu festif. (p. 104)
Ah la semaine commerciale du » bad trip, les soldes de l’hyperthermie …..
La découverte du vaccin de l’hépatite C
Face à ces risques de contamination, les vaccinations – qui sont un moyen efficace de prévenir la contamination aux différents types d’hépatites – restent en retrait par rapport aux enjeux de santé publique. Le taux de couverture vaccinale des populations toxicomanes contre l’hépatite C, par exemple, est de 30 %. Or, comme l’a souligné le docteur André-Jean Rémy, les expériences internationales menées dans les centres de prise en charge montrent que l’on peut vacciner les patients de façon efficace contre une hépatite C quel que soit leur environnement.
Pour terminer ce bétisier nous pourrions y rajouter cette phrase :
» Clarifier ne va pas sans responsabiliser. À cet égard, l’attention de vos rapporteurs a été attirée sur le comportement de certains encadrants d’associations de jeunes qui n’hésiteraient pas à inciter les adolescents à consommer du cannabis.
Mais en même temps, cette phrase sentant tellement bien la dénonciation calomnieuse, on peut s’étonner de la retrouver telle quelle dans un rapport d’information, validé par des représentants du peuple et un bétisier doit avoir la qualité de faire rire, ce qui n’est pas le cas ni de tels propos, ni encore moins de sa validation par ces mêmes représentants…