Les associations rencontrent régulièrement de nombreux problèmes avec les forces de polices lors de leurs interventions en milieux festifs et plus particulièrement dans les évènements alternatifs de musique techno (free party et teknival). Les forces de l’ordre entravent l’accès du public à des services de sanitaires pourtant prévus par la loi et ne reconnaissent pas les différentes conventions dont dispose les associations.
Le Pôle Festif a décidé d’interpeller le Ministère de l’Intérieur sur ces difficultés.
Madame, Monsieur,
Le pôle festif de l’Association Française de Réduction des risques (AFR) souhaite attirer votre attention sur des difficultés qu’éprouvent les acteurs de Réduction des Risques (RdR) en milieux festifs dans l’exercice de leur fonction.
L’action des acteurs de RdR vise à apporter, aux participants de ces rassemblements des informations objectives sur les conduites à risques (usages de drogues, risques sexuels, auditifs, conduite automobile) et permet de délivrer des outils et des conseils personnalisés visant à réduire les risques pris par les personnes. Pour se faire, les acteurs se déplacent au plus près du public et donc des prises de risques afin d’agir sur ces comportements.
Le Décret no 2005-347 du 14 avril 2005 issu de la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique prévoit la définition d’un cadre de référence pour les activités de réduction des risques en direction des usagers de drogues. Les événements festifs temporaires constituent un lieu à part entière où les activités de RdR doivent pouvoir s’exercer.
Par ailleurs, le Rapport Dumont commandé par Monsieur le Premier Ministre François Fillon en 2008 proposait de « renforcer les capacités d’intervention des acteurs sanitaires et sociaux non gouvernementaux ».
Or il s’avère que les dispositifs de RdR en milieux festifs rencontrent des difficultés :
Interdiction d’accès aux sites des rassemblements légaux et illégaux. En effet, les forces de Police et de Gendarmerie présentes ont empêché l’accès de ces acteurs aux sites, rendant impossible leur intervention pourtant indispensable à la prise de conscience par les usagers de drogues des risques qu’ils encourent.
Audition d’associations de RdR en tant qu’organisateurs d’événements festifs illégaux. En effet, le manque de reconnaissance et le travail de médiation effectué auprès des forces de l’ordre sur site pousse fréquemment le représentant de l’État en charge de la gestion de l’événement à identifier les acteurs de RdR comme organisateurs de l’événement.
Contrôles d’identité à répétition et fouilles des véhicules aux abords des événements. Ce retard occasionné rend notre action plus difficile notamment sur l’évaluation des risques liés à l’environnement du site et sur la disponibilité de nos services laissant les usagers sans service de prévention effectif. Par ailleurs, ces contrôles répétitifs contribuent à la genèse d’un climat de suspicion essoufflant la motivation de centaines de bénévoles impliqués dans la prise en charge sanitaire du public fréquentant les événements festifs.
Au delà des difficultés rencontrées, certains acteurs de RdR intervenant dans leur contexte local, à travers un travail chronophage auprès des préfectures et des ARS, ont pu mettre en place une reconnaissance officieuse leur permettant d’assurer leur mission non sans mal. Cependant, ces structures ne se sentent pas à l’abri d’un changement de situation qui ne saurait être résolu que par l’inscription, dans un document officiel, reconnaissant les activités des associations de RdR intervenant en milieux festifs. Les recommandations proposées par le pôle festif de l’AFR lors de nos journées thématiques organisées en Octobre 2011, nous confortent dans la nécessité de pérenniser nos actions.
Ces constats sont partagés par l’ensemble des structures membres du pôle festif : Techno Plus (Région Île-de-France et Pays de la Loire), Bus 31/32 (Région PACA), Orange Bleue (Région Bretagne), ASUD Loiret (Région Centre), Ensemble Limitons les Risques (Région Franche-Comté) ainsi que par l’association Spiritek, intervenant dans le milieu festif de la Région Nord-Pas-de-Calais.
L’AFR, par le biais de son pôle festif, reste disponible pour une audience auprès de vos services afin d’échanger sur ces difficultés et envisager ensemble des solutions.
Nous vous prions de bien vouloir agréer, Madame, Monsieur, l’expression de notre haute considération.