L’addiction a-t-elle un sexe ? Les faits sont têtus, les 3/4 des personnes fréquentant un centre d’addictologie (toxicomanie, alcool) sont de sexe masculin. Les troubles alimentaires, anorexie et boulimie, restent, eux, l’apanage de la gent féminine. Certaines particularités physiologiques semblent rendre compte d’une inégalité des sexes quant à la consommation des psychotropes. Mais la biologie seule échoue à expliquer ces disparités. La notion de genre est introduite dans les années 70 : le genre se réfère aux relations entre hommes et femmes basées sur les rôles socialement définis que l’on assigne à l’un ou l’autre sexe. Les « Gender studies » peuvent-elles nous apporter quelques éclaircissements ?
Pour la psychanalyse, l’identité sexuelle se réfère avant tout au symbolique : le signifiant masculin/féminin est au sujet ce que le genre est au social. Avec Lacan, les formules de la sexuation répartissent les hommes et les femmes selon leur position vis-à-vis d’un 3ème terme, le phallus. L’addiction serait-elle une histoire phallique ? Enfin, il y aurait lieu de rendre compte des spécificités de l’assuétude au féminin : difficulté d’accès aux soins, grossesse, traumatismes sexuels, prostitution…
Christian Colbeaux est psychiatre, psychanalyste à Lille, Chef de service du CSAPA du Centre Hospitalier de Douai (Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie).
Table des matière
Présentation
	Christian COLBEAUX, psychiatre, psychanalyste, chef de service du CSAPA du C.H. de Douai
	Tabagisme et sevrage tabagique : différences homme – femme
	Ivan BERLIN, maître de conférences-praticien hospitalier, groupe hospitalier universitaire Pitié Salpêtrière, chercheur à l’INSERM U894
	Le sexe, une addiction au genre ?
	Nathalie RUBEL, docteure en philosophie, professeur, lycée Corot, Douai
	Discussion
	Thierry DANEL, praticien hospitalier, service d’addictologie, CHRU de Lille, président de ECLAT-GRAA
	Changement de rôle et consommation de psychotropes : les usagères de drogues face au travail du genre
	Anne COPPEL, sociologue, présidente d’honneur de l’association française de réduction des risques
	Discussion
	Olivier COTTENCIN, professeur, faculté de médecine Lille 2, chef du service d’addictologie, CHRU Lille
	Addictions et perspective genre : de la recherche à la mise en place d’outils concrets. L’exemple suisse.
	Viviane PRATS, sociologue, présidente du GREA, professeure, haute école de travail social et de la santé, Lausanne
	Discussion
	Olivier COTTENCIN
	Réflexions d’un psychanalyste sur la question des genres et de la différence sexuelle
	Olivier DOUVILLE, ethnologue, psychanalyste, maître de conférences, Paris 7
	L’alcoolisme comme échec de des fonctions symboliques qui régissent la reproduction sexuée
	Gérard HADDAD, psychiatre, psychanalyste, Paris
	Discussion
	Didier FREMAUX, praticien hospitalier, association « Le Mail », Amiens
					