XIX Conférence Internationale sur le Sida

Conférence
Date évènement:
du 22/07/2012 au 27/07/2012
Lieu:
Washington – USA

La Vice-Présidente de l’AFR, Marie Debrus, qui est aussi coordinatrice de la mission ERLI de Médecins du Monde s’est rendue à la 19ème conférence internationale sur le Sida à Washington. Ce qui suit est le compte-rendu de son séjour comme si vous y aviez été.

Promotion du projet ERLI

Réalisation de 3 démonstrations du projet ERLI sur le stand de la Harm Reduction Networking Zone (Lundi, mercredi, jeudi : 12h30 – 13h00)

Démonstration avec le bras anatomique du travail de RdR autour des pratiques d’injection et diffusion du film sur le projet ERLI. Ces démonstrations ont permis la prise de contact avec des personnes vraiment intéressées par cette approche, plus particulièrement :

  • Coalition canadienne des politiques sur les drogues
  • Insite, salle de consommation à Vancouver
  • Street Lawyers, association de Copenhague qui a défendu la reconnaissance des salles de consommation au Danemark
  • Deutsche AIDS-Hilfe
  • Drugreporter

Une interview a été réalisée pour le Washington Post.

La Ministre française de la Santé en 1ère ligne

Prise de contact avec la Ministre de la Santé Marisol Touraine en tant que vice-présidente AFR pour la relancer quant à son invitation pour les prochaines rencontres nationales de la RdR organisées par l’AFR les 25 et 26 octobre.

Participation à la rencontre des associations et de la Ministre de la Santé puis à la conférence de presse

L’association AIDES a interpellé la Ministre sur l’évolution des soins funéraires des personnes séropositives (aucun soins funéraires ne sont pour le moment autorisées pour les personnes séropositives). La Ministre a refusé de signer la lettre soumise par AIDES l’engageant à modifier le cadre législatif actuel prétextant qu’il s’agit d’un dossier interministériel. Une réflexion sur le sujet serait en cours permettant une évolution de la législation.

La Ministre confirme la mise en place à partir du 1er août d’une taxe sur les transactions financières pour financer des projets de santé publique. Neuf autres pays européens sont également favorables à cette taxe. La répartition des ressources collectées est en cours de discussion et aucune évaluation n’a été faite sur le montant qui pourrait être collecté.

Concernant la politique des drogues, la Ministre de la Santé souhaite engagée une autre orientation que celle engagée sous Nicolas Sarkozy. Elle se dit notamment en faveur de projets innovants tels que les salles de consommations. La nomination du nouveau/nouvelle président(e) de la MILDT devrait être rapide. La Ministre précise que sa préoccupation est davantage d’ordre sanitaire que sécuritaire :  » Les objectifs de sécurité ne peuvent pas se substituer aux objectifs de santé publique.

La Ministre ne croit pas au système des franchises pour réguler le système de soins en France même si elle reconnaît que des modifications de ce système sont nécessaires.

Des questions sur les autotests VIH sont abordées. Ces autotests suscitent des positions très différentes au sein des acteurs. La Ministre se montre très réservée sur leur autorisation de commercialisation en France, elle s’interroge en particulier sur le fait qu’une personne pourrait découvrir seule sa séropositivité. Une réflexion serait en cours mais la Ministre serait plutôt en faveur de la diversification des lieux de dépistage.

La Ministre est interpellée quant à sa position vis-à-vis des travailleurs du sexe. Elle ne souhaite pas se prononcer sur le fait qu’elle soit ou non abolitionniste et précise simplement sa volonté d’assurer l’accès aux soins des personnes se prostituant. Elle assure qu’aucun projet de loi ne serait envisagé pour le moment concernant la pénalisation des clients des travailleurs du sexe. Un débat est en cours au sein du gouvernement sur la prostitution.

Atelier : Medical care and harm reduction in prisons : a practical experience !

Atelier animé par Catherine Ritter (Suisse) et Heino Stöver (Allemagne)

50 PES sont développés en prison à travers le monde dans 12 pays.

Proposition d’un jeu de rôle aux participants de l’atelier et création de 4 sous-groupes : personnel médical de la prison, administrateurs de la prison, surveillants, organisation non gouvernemental (d’autres groupes pourraient être ajoutés en fonction du nombre de participants).

Objectif de l’atelier : sensibiliser les participants à la nécessité d’un travail impliquant tous les acteurs du milieu carcéral et ainsi de mieux prendre en compte les leviers et les freins à la mise en place d’une approche de RdR.

Les animateurs de l’atelier ont présenté une série de documents sur la RdR en prison. De nombreux documents existent, mais peu d’actions sont encore développées.

Plénière : Men who have sex with men (en lien avec le numéro spécial du Lancet sur le sujet)

La transmission du VIH par voie anale est 18 fois plus importante que par voie vaginale.

Les HSH ont deux fois plus de chance d’avoir des VIH variants que les hétérosexuels.

Des études de comparaison entre les HSH noirs et la population générale sont présentées :

  • Aux États-Unis : la population noire HSH est 72 fois plus contaminée que la population générale
  • Aux Royaume-Unis : la population noire HSH est 111 fois plus contaminée que la population générale

Les dernières données révèlent que l’épidémie VIH est en augmentation dans cette population et qu’une épidémie de VHC se développe sans pour le moment en comprendre les facteurs favorisants. L’usage de drogues au sein de cette population est évoqué mais le sujet n’est pas détaillé plus précisément.

Atelier : Safe injections facilities

Diffusion de deux films :

  • “Gadejuristen – The Danish Street Lawyers”
  • “Fixerum -Mobile Injection Room in Copenhagen”

Discussion ensuite entre Nanna Gotfredsen : fondatrice de l’association des Street Lawyers, Donald MacPherson : directeur de la Coalition canadienne des politiques sur les drogues, avec les participants.

Pour en savoir plus : http://www.talkingdrugs.org/the-gadejuristen-the-danish-street-lawyers

Atelier : HCV : A new era dawns

Concernant les co-infections VIH/VHC, l’important est de savoir dans quel l’ordre la personne a contracté les deux virus et, si elle est VIH+, quelle est son niveau d’immunosuppression lors de sa contamination VHC. Plus la personne est immunodéprimée, plus sa fibrose évoluera rapidement.

Une épidémie d’hépatite C semble prendre de l’ampleur parmi les HSH, y compris chez ceux ne consommant pas de drogues par voie intraveineuse.

Le reste des présentations furent particulièrement techniques en présentant le résultat d’études diverses.

Pleinière : Dynamics of the epidemic in context

Trois interventions particulièrement intéressantes :

  • Paul Semugoma, médecin travaillant auprès des personnes LGBTI en Uganda.
  • Cheryl Overs qui a développé dans les années 80 à Melbourne une des premières organisations communautaires en matière de RdR auprès des travailleurs du sexe.
  • Debbie McMillan, activiste qui a présenté son témoignage en tant que transgenre née à Washington, ancienne consommatrice de drogues et travailleuse du sexe.

Atelier : Young people and injecting drug use: overcoming barriers to HIV prevention and harmonizing national laws with the UN convention on the rights of the child

Dans de nombreux pays, l’initiation de l’injection de drogues a lieu de plus en plus tôt dans la période de l’adolescence (Entre 11 et 18 ans). Or très rares sont les dispositifs de RdR acceptant les mineurs. Les personnes qui entrent en contact avec les structures de RdR ont donc déjà plusieurs années de pratique d’injection derrière eux et sont possiblement contaminés (VIH, VHC). Comment faire face à cette contradiction ?

  • Neil Hunt souhaite partager les expériences de chacun atour de cette question.
  • Anita Krug présente son projet Youth Rise !
  • Iona Tomus relate l’augmentation de la consommation des legal highs en Roumanie notamment chez les très jeunes usagers, certains débuteraient à l’âge de 10 ans.

Les PowerPoint de ces intervenants sont disponibles.

Les autres temps forts

  • Lancement par l’International Harm Reduction Association (IHRA) de son dernier document sur l’état des lieux en matière de RdR au niveau international.
  • Annonce de la prochaine conférence internationale sur la RdR à Vilnius en Lituanie organisée par l’IHRA du 9 au 12 juin 2013.
  • Manifestation :  » We can end aids ! Human Rights and economic justice rassemblant quelques milliers de personnes partant du centre de conférence jusqu’à la Maison Blanche pour militer contre la guerre à la drogue et demander l’arrêt de la criminalisation des usagers de drogues, des travailleurs du sexe, des personnes LGBTI et des personnes vivant avec le VIH. Pour en savoir plus : http://wecanendaids.org
  • Manifestation lors d’un symposium du laboratoire Roche :  » Stop eating our liver ! en lien avec l’appel de Washington pour favoriser l’accès aux traitements du VHC. Pour voir le film et en savoir plus sur cette action : http://drogriporter.hu/en/bigpharmagreed

Visite de la structure de RdR CitiWide à New York dans le Bronx

Lors de la conférence de Washington, nous avons pu rencontrer plusieurs équipes de RdR américaines dont le programme d’échange de seringues de Washington, l’association Vocal particulièrement militante (Pour en savoir plus : http://www.vocal-ny.org) et CitiWide de New York. De passage à New York, nous avons d’ailleurs pu visiter le dispositif de CitiWide. Leur local se situe dans le Bronx et les différents dispositifs sont rassemblés dans un même immeuble :

  • Une boutique avec échange de seringues sur 2 étages
  • Une cuisine professionnelle permettant d’assurer tous les jours des repas
  • La présence régulière d’un barbier coiffeur
  • La simulation d’un espace de consommation (dans l’espace du barbier coiffeur) car CitiWide milite pour le développement de salles de consommation aux États-Unis
  • Un étage est consacré aux soins avec de véritables box de soins et un espace de prélèvement pour les analyses.
  • Une pharmacie d’officine privée a intégré les locaux pour permettre une délivrance en relation avec les services de soins.
  • Les deux derniers étages pourront prochainement accueillir des espaces d’hébergement pour les usagers du programme
  • Un jardin collectif sera développé sur le toit de l’immeuble.

CitiWide développe un programme spécifique de RdR et d’accès aux soins de l’hépatite C. Ils proposent un programme de formation aux usagers sur la RdR sur une période de 6 semaines. L’équipe a également réalisé avec l’aide d’un photographe un projet permettant une meilleure intégration des transsexuels. Leur palette d’outils de RdR est donc relativement large.

Pour en savoir plus et pour télécharger le rapport annuel 2012 de CitiWide : http://www.citiwidehr.org

Compte-rendu réalisé par Marie Debrus, Vice-Présidente de l’AFR

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