Communiqué de presse de Médecins du Monde
Les Nations Unies ont institué une » Journée mondiale contre l’abus et le trafic de drogues. A cette occasion, nous, professionnels de santé et acteurs de la société civile, engagés dans des programmes de prise en charge des usagers de drogues illicites, voulons rappeler que ces derniers sont confrontés à de graves risques sanitaires et sociaux.
Le plus important d’entre eux est l’infection chronique par le virus de l’hépatite C (VHC). Aujourd’hui, ce sont les usagers de drogues par voie intraveineuse qui paient le tribut le plus lourd aux nouvelles contaminations.
Cette situation est la conséquence directe des politiques répressives mises en place depuis une quarantaine d’années de façon quasi unanime dans le monde, à la suite de l’appel du président Nixon qui avait déclaré la » Guerre aux Drogues en juin 1971.
Selon le Dr Thierry Brigaud, président de Médecins du Monde, » les lois répressives constituent des barrières structurelles qui nourrissent les épidémies virales et les autres problèmes de santé rencontrés par les usagers de drogues partout dans le monde. Pour prévenir et soigner ces épidémies, il faut changer le cadre des politiques internationales et nationales de contrôle des drogues.
Médecins du Monde, en collaboration avec l’Association Française de Réduction des Risques (AFR), appelle ainsi à rejoindre l’initiative mondiale » Support, don’t punish qui vise à promouvoir des politiques des drogues fondées sur la santé publique et les droits humains.
Soutenir plutôt que réprimer, c’est garantir aux personnes utilisant des drogues un accès universel aux outils de prévention, de diagnostic et de traitement de l’hépatite C. En France, la moitié des usagers de drogues sont infectés par le virus. Dans le monde, cette proportion peut atteindre jusqu’à 90%. Dans tous les cas, c’est cette population qui rencontre le plus d’obstacles à l’accès aux outils de prévention et de prise en charge.
C’est pourquoi MdM publie ce jour un texte de positionnement pour amener les professionnels de santé et les pouvoirs publics à s’investir activement dans la prévention et le traitement de l’hépatite C chez les usagers de drogues – en particulier l’accès aux médicaments. Ce texte, écrit en collaboration avec le réseau international des personnes utilisant des drogues (INPUD), est accessible à ici.
Sur la base des évidences cliniques et scientifiques, ce texte rappelle que les usagers de drogues infectés par le VHC sont, tout autant que d’autres malades de l’hépatite C, capables de se soigner et de se protéger. Or, environ 2 millions de personnes usagères de drogues par voie intraveineuse dans le monde ont aujourd’hui un besoin immédiat de traitement. Ce besoin leur est très souvent dénié par les lois répressives.
A l’occasion de cette journée mondiale, Médecins du Monde demande que les Etats et les professionnels de santé considèrent l’accès au traitement du VHC pour les usagers de drogues comme une priorité de santé publique.
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