Journée Politique : Acteurs de RdR, Militants ou Prestataires ?

Séminaire National
Date évènement:
27/06/2013
Lieu:
Paris

L’Association Française pour la Réduction des risques a organisé un séminaire national le jeudi 27 juin 2013 à Paris destiné à nourrir le débat en France sur la nécessaire réforme de la politique des drogues. Ce séminaire s’inscrit dans le cadre d’une évolution de l’AFR, dont les enjeux ont été débattus dans l’Assemblée Générale qui a suivi cette journée.

La veille, le 26 juin, le séminaire a été précédé de la Journée mondiale de lutte contre l’abus de drogues. l’AFR a organisé à Paris une action publique de mobilisation, relayant la campagne mondiale  » Soutenez. Ne punissez pas ».

L’intégralité de la journée est disponible en vidéo.

Le combat social : le modèle républicain à l’épreuve de la guerre aux drogues

Intro

Fabrice Olivet, directeur d’ASUD et auteur de La Question métisse.

Malik Lounès, ancien responsable de la Fédération Nationale des Maisons des Potes et du journal  » Pote à Pote

Louis-Georges Tin, président du CRAN

Le combat social en débat

Ces dernières années, la France a connu des politiques répressives en matière de drogues. Si la loi est, dans le texte, la même pour tout le monde, il est désormais impossible de ne pas voir que le fardeau est plus lourd dans certains endroits du territoire et pour certaines personnes. Le tribut de la guerre aux drogues, en France, a essentiellement été payé par l’Autre : le migrant ou le réfugié, les gamins issus d’autres horizons géographiques et dont cette origine est immédiatement signifiée par la couleur de peau et le nom. Ces derniers mois, la question des  » quartiers s’est bruyamment réinvitée dans l’espace médiatique, de Sevran aux quartiers nord de Marseille. Des Blacks et Latinos américains aux Hazaras afghans en passant par les  » jeunes des quartiers, c’est la même logique qui est à l’œuvre, dans laquelle la relégation ethnique est étroitement liée à la relégation sociale et géographique. Logique sur laquelle les acteurs de la RdR ont trop longtemps mis un voile pudique, leur fameux cadre de référence leur fournissant une bonne caution pour ne pas aller sur ce terrain explosif. Difficulté supplémentaire pour les acteurs français : l’héritage républicain, dont l’universalisme devient de plus en plus un mythe fondateur déconnecté de la réalité politique, économique et sociale de certains territoires. Il est donc temps de croiser les combats de la RdR avec la question ethnique et avec la question sociale. Les travaux de Michelle Alexander aux Etats-Unis nous ouvrent la voie : dans son ouvrage The New Jim Crow. Mass Incarceration in the Age of Colorblindness, elle a brillamment démontré le phénomène de surincarcération des Noirs et des Hispaniques aux États-Unis, et le rôle joué par la loi sur les stupéfiants pour nourrir ce phénomène. En France, ce terrain reste vierge.

Le combat législatif : 2016, vers une réforme mondiale

Intro

Joanne Csete, Directrice-adjointe du Programme mondial sur la politique des drogues de l’Open Society Institute et ancienne directrice générale du Réseau juridique canadien VIH/sida

Le combat législatif en débat

En juin 2016 se tiendra une session spéciale de l’Assemblée Générale des Nations Unies (UNGASS) consacrée à la politique des drogues. Dans l’histoire des Nations unies, c’est la seconde fois qu’une session sera consacrée à ce thème. Lors de la première, en 1998, Kofi Annan avait dans son ouverture exhorté  » tous les pays à dire « non » à la drogue et à relever le défi d’un monde sans drogue ». Il a depuis changé d’avis et a rejoins la Global Commission on Drug Policy qui critique vivement la guerre à la drogue et plaide pour une réforme internationale du système. Comme lui, d’autres acteurs mondiaux majeurs considèrent cette session spéciale comme un événement essentiel qui devrait ouvrir le chemin vers une refondation de cette politique internationale (et donc avec les conséquences sur les législations nationales). Cette session aura lieu après plus de 6 ans de plaidoyer intense : Déclaration de Vienne en juillet 2009, Rapports de la Global Commission on Drug Policy (2010, 2011 et 2013), rapport de l’Organisation des Etats d’Amérique (2013), etc. Le monde se met en mouvement, avec un rôle important de la zone Amérique latine. A l’inverse, la France est aujourd’hui totalement absente de ce mouvement, et en retrait de l’UNGASS 2016. Il convient d’expliquer les enjeux de l’agenda 2016 et de poser la question de son articulation avec la France et les combats français, ainsi que de préparer le travail militant qui sera à réaliser jusqu’à cette date de juin 2016.

Le combat politique : l’opinion et la politique des drogues en France

Intro

Marie Jauffret-Roustide, sociologue, InVS / CERMES 3

Laurent Michel, ancien responsable du SMPR de la maison d’arrêt de Bois d’Arcy, auteur des recommandations de traitements de substitution en milieu carcéral et de l’enquête PRI2DE

Mathieu Pastini, directeur d’ASUD Mars Say Yeah !

Le combat politique en débat

Le fameux  » modèle français semble avoir du plomb dans l’aile. En fait de modèle, il est vrai que notre pays a fait des avancées considérables en RdR avec un accès assez unique, dans ses modalités et son échelle, aux traitements de substitution aux opiacés. Mais d’une part la palette des interventions de RdR ne s’est pas développée de la même façon partout ; d’autre part, la question politique des drogues, qui est aussi à l’origine de la mobilisation sociale au début des années quatre-vingt-dix, s’est progressivement diluée dans une certaine forme de technicisation des interventions de RdR. Aujourd’hui, dans nos programmes de proximité, nous ne faisons finalement que tenter de repousser au quotidien les limites du politiquement, pénalement et socialement acceptable en matière de services médicosociaux proposés aux usagers, sans agir sur les raisons fondamentales qui ont conduit à leur situation sanitaire et sociale actuelle, à savoir les lois et les normes qui les excluent et les répriment. De ce point de vue, les salles de consommation à moindre risque en tant que service complémentaire de la palette des services existant en RdR sont un bon exemple de ce travail aux marges qui ne modifie pas fondamentalement la nature des frontières. C’est donc aussi la politique des drogues qu’il faut aborder de front, et en particulier considérer la RdR comme un outil au service d’une réforme de cette politique. Ce chantier ne pourra pas être mené sans une mobilisation de l’opinion publique. Et contrairement à des idées reçues, cette opinion n’est peut-être pas si éloignée que cela d’une approche ouverte.

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